Caractère →  

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Avez-vous vraiment besoin de savoir qui je suis ? Ou même de savoir qui j'ai été ? Non. Votre regard se posera sur moi avec mépris, incompréhension ou peut-être avec admiration. Mais au fond je ne serai pour vous qu'un passant parmi tant d'autres. Un simple fantôme du présent vagabondant dans les ruelles sombres. Mais vous y tenait, oui vous y tenait car cela doit avoir une certaine importance, importance que je ne comprends pas. On ne peut s'intéresser à moi, ou du moins en détails. Alors qu'ai-je fait pour mériter tant d'attention ? Passons. Tears vous aidera sans doute à trouver votre chemin, ce chemin que vous avez décidé d’emprunter, et que pourtant je vous déconseille.

« Kuru... Kuruchimi, que dire de toi ? Que faire de toi ? Nous pourrions aller vite, nous pourrions nous contenter de dire qu'il s'agit d'un être inutile. Méprisable, sans grand intérêt. Mais ce serait mentir... Kuruchimi n'est pas quelqu'un de simple, quelqu'un dont la description est si étroite qu'il nous faudrait que quelques adjectifs pour le définir. Ouvrez les yeux... Il est l'heure d'affronter la réalité. D'ailleurs qu'est-ce que la réalité ? Dis nous Kuruchimi, serais-tu faire la différence entre le moment présent, la vie, et les pensées obscures qui obstruent tes plus viles désires. Cela n'est évidemment pas une question, nous savons d'ores et déjà la réponse. Voyez-vous, il est quelque peu « étrange », non nous devrions même le qualifier d'attardé, ou même de psychopathe. Depuis longtemps, trop longtemps, il souffre de troubles psychologiques, autrement appelée schizophrénie. À présent je vois, oui je vous vois le montrer du doigt. Le regarder avec mépris car il n'est pas conforme à la norme, à votre norme. Autour de lui se dressent des ombres, toutes plus horribles les unes que les autres. Elles le suivent, elles lui parlent, elles sont en lui. Ces choses font partie intégrante de sa vie, et même si les autres ne les voient pas, lui sait que cela est réel. La plupart du temps, elles sont agressives, ne montrant aucune sympathie. C'est ainsi qu'il se sent pathétique, ce sentiment d’infériorité né de cette persécution. Il oublie vite, oui il ne fait attention à rien et traite généralement son entourage avec indifférence. Son angoisse est permanente, il y a des crises, des larmes, puis tout devient noir. Ses yeux se ferment avec nonchalance, pour le laisser entrevoir la souffrance. Cette souffrance qui le guide quotidiennement ! Il y a ce vide en lui, ce gouffre incommensurable. Mais cela n'est que la face pure et blanche de lui-même. Il y a quelque chose de bien plus effrayant, quelque chose qui vous fera reculer d'un pas. Kuruchimi ne se sent pas seul, du moins dans sa tête. «Je» lui dicte ses pensées, ses faits et ses gestes, il lui arrive de ne plus rien contrôler et de n'être que « mon » pantin. « Je » n'a pas de nom, « Je » est juste « Je », rien de plus, rien de moins. « Je » est le côté sombre, la face dédaigneuse. Celui qui a besoin de sang, de violence, de vengeance. Avant de vous méprendre, le phénomène dont est victime notre ami -c'est un bien grand mot vous ne trouvez pas?- n'est pas nommé dédoublement de la personnalité. Dans le cas où « Je » ne prend pas possession du corps du jeune homme, et estimez-vous heureux. Non, lui, il préfère le torturer psychologiquement, lentement, avec douceur mais une force brute et déchirante. Cependant il n'est pas dangereux, du moins c'est ce qu'il est facile de croire. Son stade n'est pas critique et les médicaments qu'il ingurgite sans cesse laisse croire que cela s'estompera, ou pas qui sait ce qu'il peut encore réserver. Il nous a déjà montré de quoi il était capable, de quoi son mal-être résultait. En effet, nous pourrions le qualifier de dépressif à tendance suicidaire, comme « Je » sait si bien le dire. Un problème, un souci habituel dont il faut s'occuper avec précaution, c'est ce qu'il est. Si on oublie tout cela, tous ces troubles qui le hantent, il pourrait être quelqu'un de normal, normal comme il peut l'être. Quelqu'un qu'on percute dans une ruelle car on ne l'avait pas remarqué. Avec une discrétion, et un silence maladif qui pourrait en agacer plus d'un. Mais pourquoi ? Pourquoi désireriez-vous le connaître ? Lui qui n'est rien, lui qui n'a toujours eu qu'une importance misérable à vos yeux. Vous ne l'avez jamais vu sourire n'est-ce pas ? Un sourire d'une joie profonde, un rictus mélodieux sous l’effet d'un sentiment planant. C'est bien parce qu'il est prisonnier. Prisonnier de cette pièce sombre dont il ne peut s’échapper. Les murs sont noirs, la charpente tient mal l’équilibre, du plafond se dégage un liquide aussi doux et charmant que la putréfaction. Et en son centre, au centre de cette cellule sans issue, règne notre cher Kuruchimi. Le petit garçon recroquevillé sur lui-même, la tête baissée ses cheveux d’ébène lui tombant sur le visage, c'est lui. Regardez ses yeux, pouvez-vous les voir ? Ce magnifique brun, intense, qui au fond ne reflète que la peur, la faiblesse, l'impuissance. Car oui, Kuruchimi fait partie de cette pathétique population dénuée de toute force. Ce tableau aussi instructif et mélancolique soit-il n'est rien d'autre que le reflet de l'âme - si j'ose prétendre qu'il en détient une- de notre bon ami. C'est ainsi que nous pourrions le représenter, c'est ainsi qu'il se représente. Bien sûr, il a grandi, du moins physiquement, mais il reste un enfant. Un enfant constamment effrayé par ce monde qui l'entoure. Les gens, la vie, le débecte, la société ne lui a jamais rien apporté, c'est pourquoi aujourd'hui il la renie. Tout ira mal, rien ne peut s'arranger, l’atmosphère si lugubre que le soleil n'existe plus. Voilà ce qu'il se dit, voilà ce qui trône dans sa tête. On pourrait sans doute dire qu'il est trop pessimiste, misanthrope,  qu'il n'arrivera pas à avancer de cette manière. Mais de cela il se fiche, avancer est une chose bien trop abstraite. De plus il ne cherche pas son chemin dans la pénombre, il préfère divaguer, valser parmi les vagues. C'est une forme si poétique et méliorative de décrire ce qu'il ressent. Plaire ? Non, cela n'est pas pour lui. Il est le seul à pouvoir se juger, le seul qui peut dicter ses mouvements -si on oublie un certain facteur-, ses choix. Marginal et anticonformiste il refuse d'être le clone de cette société abusive. Il s'agit de Kuruchimi, aucun discourt élogieux doit être fait, il ne le mérite pas. De nature, il est égoïste ne pensant qu'à lui, ses intérêts personnels. Cette haine en lui qui le ronge, ce dégoût profond qui a pris possession de lui, autant pour sa propre personne que pour autrui. Mais il ne le vous montre pas, ou que rarement. Éternelle chose indéfinissable me dite vous ? Mais cela serait attractif s'il était comme vous et moi ? S'il était banal, s'il se contentait de suivre la marche. Non ! Alors estimez-vous heureux de sa présence, de son existence aussi pathétique soit-elle. Or, tout cela, tout cela personne ne le sait, ce qu'il sent battre dans sa poitrine. Devant vous jamais il ne se montrera sous son véritable jour, il portera un masque, ce masque que vous aimez tant contempler. Il saura rester fier. Car c'est ce qu'il faut vous faire croire, qu'il est fort, prêt à affronter toutes choses, toutes épreuves. C'est ainsi qu'on avance dans ce monde, en n'étant pas ce que nous sommes, en cachant nos faiblesses les plus honteuses. Sans doute vous paraîtra-t-il odieux, cynique et froid. Ce qu'il est, certes, mais vous ne pouvez imaginer au combien le chaos règne dans son cœur. Pour évacuer tout cela, son « emploie » lui est d'une grande aide, et ce dernier le laisse s'ouvrir à sa folie. Quoi de mieux que de se défouler sur de la chair fraîchement cueillit ? Alors ne prétendez jamais le connaître. Jamais ! Sous vos yeux il ne sera que ce que vous voulez qu'il soit, penser savoir quand il fait semblant serait bien trop narcissique. Cependant en sa compagnie il se peut que vous puissiez découvrir un être excentrique, dénué de toute logique. Il danse, il chante, il murmure des choses incompréhensibles. Il sera aussi extravagant que possible pour laisser échapper tout ce qu'il y a en lui, et ce sans avoir recours à la violence, comme dans ses temps anciens. » Tu pensais que c'était fini ? Non, Tears n'en a jamais fini. « Il y a bon nombre de choses que l'on aimerait éviter, que l'on devrait éviter. Car cela n'entraîne qu’ennui, et humiliation. Ces choses sont pourtant banales à première vue, on ne s'attend pas à être pris au piège dans un élan infernal. Et pourtant, lorsque cela arrive, lorsque notre regard les croise une dernière fois, il est déjà trop tard. Kuruchimi fait partie de ces éléments perturbateurs. Il est ce à quoi on ne s'attend pas, se dissimulant derrière un visage parfait. Visage harmonieux n'ayant sans doute rien à envier aux dieux. Une peau laiteuse mais froide, constamment froide. Ne reflétant que ce qu'il est, tout comme ses yeux sombres, passage vers son âme damnée. Il y a longtemps maintenant qu'il n'est plus un ange, qu'il fait partie des démons de Satan. Se délectant peu à peu des délices de l'enfer. Cet enfer qui lui offre tant de plaisir, tant d'amusement, ce qui le fait plonger de plus en plus vers le fond. Il finira par s'y briser, par s'y décomposer, mais cela a peu d'importance. Profiter. Oui profiter de cet instant, car il pourrait disparaître en un claquement de doigts. Il l'a compris, et il en joue. Ainsi il s'autorise tout dérapage, toutes luxures. Drogue, alcool, sexe, délit et infraction. Homme ou Femme ? Femme ou Homme ? Cela importe peu, du moment que cela le satisfait. Il n'a que faire des répercussions que peuvent avoir ses actes, l'État est trop occupé à surveiller un clan malveillant, si bien qu'un individu tel que lui ne retient leur attention. Mais vous avez besoin de lui, autant pour vous divertir, que pour des affaires plus sérieuses. Kuruchimi n'appartient à aucun groupe, fuyant les conflits, et évitant toute révolution. Cela ne le concerne pas, non, cela ne l'a jamais concerné. On pourrait dire que c'est un lâche, ne désirant pas se mêler pour éviter une quelconque défaite. Cela est sans doute vrai, et on pourrait lui en faire le reproche. Mais après tout qui pleurait ses blessures ? Qu'elles soient ou non dues à la protection de ses principes. Personne, non personne ne le regrettera. Il n'est qu'un pion, pion difficilement manipulable certes, mais il demeure sur l'échiquier, inerte. Inerte, sans vie, tel un fantôme rôde dans un vieux manoir pour veiller sur ses anciens comptes. Alors il a compris qu'aux yeux du monde il n'avait pas plus de valeur qu'un insecte répugnant. Clamant son importance, pour éviter d'être salement écrasé. Maintenant il se forge sa propre place parmi le sang et les larmes. Le temps où comptait sur les autres est révolu, le temps où il pensait avoir besoin d'eux est révolu. Il sait qu'il est seul, désespérément seul, mais pourtant si entouré. Il est facile d'approcher Kuruchimi, il pourrait même venir lui-même vers vous. Mais attention, dans ses yeux se lit le dégoût à votre égard, si ses pas se rapprochent des vôtres, c'est uniquement par intérêt. Il vous lorgne, vous observe minutieusement pour voir ce que vous pouvez lui offrir. Et si, ce n'est pas le cas, et qu'un contrat repose sur votre tête, alors il n'hésitera pas. Battre ou être battu. La ville s'est rapidement transformé en jungle. Ou pire, en ces scénarios de films d'horreur où seule la survie est de mise. Pour Kuruchimi la mort est un cadeau, un délicieux cadeau, mais la vie, elle, n'est qu'une malédiction. Tout au long de votre existence vous ne faites que souffrir, oui souffrir encore et encore. Ce sentiment intense qui ne s'estompe jamais malgré ce que vous semblez croire. Oui, il est réaliste, il sait que tout ce que la vie vous donne, elle finira par vous le reprendre. Et ce, comme si le bonheur n'était qu'un prêt éphémère, qui disparaît aussi rapidement qu'il est apparu. Tout semble inutile lorsque cette pensée trône sur toutes les autres. Ne le blâmez pas pour ses idées, ses convictions, elles ne sont là et jamais elles ne laisseront leur place à une quelconque utopie. Utopie? Oui, tel que des sentiments abjects, comme l'amour. L'amour... Bête, et infâme illusion que l'homme s'est créée pour avoir une raison de vivre. Kuruchimi lui n'en a pas, et si cela ne tenait qu'à lui il serait déjà parmi les cendres. Alors ne vous étonnez pas s'il ne vous s'offre qu'un regard empli d’inférence. Il ne fait confiance à personne, non sans aucune exception, cela par habitude. Jamais il ne parlera de lui, de son passé, de ses sentiments présent, tout simplement car il est l'unique concerné. Avec lui, vous vivrez dans le faux, la tromperie, le mensonge, dans un univers fictif qu'il aura créé pour se protéger. Ses actions ne sont pas appréciées de tous, alors il faut savoir être fourbe pour éviter tout problème. Kuruchimi... A vrai dire, cela n'est même pas son véritable nom. Tout n'est qu'eau trouble... On y entre avec précaution, sans savoir s'il est possible dans sortir. »

Je vous avais bien dit de vous abstenir, je vous avais prévenu, mais vous ne m'avais pas écouté. Maintenant il est déjà trop tard.

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